L’odyssée amérindienne de Julie Baudin
Rédigé le 1 juin 2016
Premières Phrases :
quand ferons-nous un grand voyage ? — Tout a commencé ainsi. Au départ, l’Inde revenait instinctivement sur nos lèvres. Ses contradictions, ses senteurs, sa volupté, sa confusion organisée avaient envoûté David qui, depuis des années, ne cessait d’y retourner. Pourtant, à mesure que nous en parlions, ce pays s’éloignait de nos esprits. En réalité, nous avions besoin de découverte.
Pourquoi ce livre :
Je ne vais pas vous refaire le coup du : c’est un Transboréal, bien que cela pourrait suffire à justifier ma lecture de ce livre. Non, parce que depuis très longtemps, je m’intéresse aux Amérindiens et que Julie Baudin, l’auteure, nous propose de parcourir le continent américain de l’extrême nord à l’extrême sud.
Je vois souvent des récits sur les peuples d’Amérique du Sud, mais trop peu, à mon goût, sur l’Alaska et le Canada, c’est pour cela que ce livre m’a doublement séduite.
Julie Baudin et David, son compagnon, avaient envie d’un grand voyage, ils ont l’habitude de voyager, mais ils avaient envie d’autre chose, de plus de découvertes. Après de nombreuses lectures et recherches, c’est l’Amérique qui s’est imposée à eux. Ils traverseront le continent américain de l’Alaska à la Terre de Feu à la rencontre des peuples premiers.
Un voyage de deux ans qui les mènera de Point Hope (à l’extrême Nord) à Puerto Williams (à l’extrême Sud) . En passant par le détroit de Béring, le désert d’Arizona, les Caraïbes, les Andes, l’Amazonie pour finir en Patagonie.
Ils effectueront ce périple sac au dos, à la « Roots » en stop, bus, train, bateau…
Durant leur périple, ils croiseront la route de nombreuses tribus amérindiennes (Inuit et Tlingit d’Alaska, Dene du Canada, Navajos, Havasupai et Hopi d’Arizona, Tarahumaras du Mexique, Mayas du Guatemala, Kunas du Panama, Guambiano de Colombie, Shuar d’Équateur, Quechuas du Pérou, Aymaras de Bolivie et Mapuche du Chili…).
Ils tenteront, à chaque fois, de vivre au plus près de ces peuples pour partager nourritures et coutumes locales. Ils se feront accepter en proposant leur aide pour quelques travaux. Ils vivront grâce à cela des expériences exceptionnelles et bouleversantes : cérémonies de chamanisme, Nouvel An maya, mariage, baptême…
P274 « plus les jours s’écoulent et plus j’apprécie cette vie spartiate qui nous oblige à cohabiter avec les animaux, la nature et ces hommes qui semblent nés des montagnes. Plus le froid s’intensifie au-dehors, moins je le ressens. Plus je mange des pommes de terre, plus je les aime. Plus j’observe et écoute ce qui se passe autour de moi, moins je tente de combler le temps de mille activités et détours, et plus mon présent s’épaissit »
Julie s’initiera au fil de son voyage à l’art de la tapisserie et mettra en exergue les différences de pratique entre les peuples.
C’est un récit de voyage passionnant, même si le voyage au sens propre n’est pas très présent dans ce livre qui se concentre essentiellement sur les tribus rencontrées. Quel plaisir de retrouver les Inuits, Navajos ou Hopis, et de découvrir l’Amérique du Sud à travers les yeux de ses premiers habitants.
Des tribus ouvertes au monde et en recherche de modernisation qui va, hélas, causer leur perte. Le voyage ayant eu lieu en 2006, certaines choses ont dû déjà évoluer comme, j’imagine, l’arrivée plus nombreuse du tourisme.
P340 « les Amérindiens nous ont appris qu’au-delà de la destruction, il y a la renaissance. Qu’au-delà de la fatalité, il y a l’action. Il n’y a jamais de hasard, jamais de feu sans étincelles, jamais d’acte sans conséquence, jamais de route sans chemin de traverse. Il n’a y jamais de bonheur sans souffrance, jamais de prise de conscience sans douleur. Jamais de nuage sans horizon. On peut toujours faire le choix de changer de direction, de reconnaître ses erreurs, d’ouvrir les yeux, d’agir comme l’on pense, de prendre le risque d’être soi. Il est toujours possible de s’abandonner à l’amour, de croire en ce que l’on ne voit pas, de se battre pour ce en quoi l’on croit. Mais si nous avons le choix, nous avons pourtant très peu de temps. »
De nombreuses notes intéressantes et un joli carnet photo agrémentent ce récit. C’est une aventure hors du commun, que nous livre Julie Baudin et que je vous recommande fortement.
Devenue écrivaine, réalisatrice et conférencière, Julie Baudin n’en délaisse pas pour autant son métier de guide. Entre 2008 et 2012, elle accompagne fréquemment des groupes de voyageurs au Pérou. Son intérêt pour les peuples amérindiens, les langues étrangères et l’histoire finit par la rattraper : à l’automne 2012, elle s’installe à Cusco, ancienne capitale de l’Empire inca perchée à 3 400 mètres d’altitude, où elle réside aujourd’hui avec son mari et sa fille.
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L’odyssée amérindienne de Julie Baudin est publié dans la catégorie Récits de voyages avec le(s) Thème(s) : Transboréal
Transboreal = danger danger! ^_^ On verra ça en salon du livre!
Très très dangereux Transboreal effectivement…!
Voila qui me tente ! je cherchais du dépaysement par la lecture, ça tombe bien !
Niveau dépaysement tu vas etre servi alors 🙂